Encore aujourd’hui, c’est perturbant de vagabonder dans les quartiers, car ils ne possèdent plus le même dynamisme qu’autrefois. Certains enfants pouvaient jouer à la corde à danser lors des étés chauds. D’autres par contre préféraient se pourchasser avec des pistolets à eau. Salomé faisait partie de ces personnes qui s’occupaient des jardins, qui aimaient les mettre en valeur par de jolies couleurs et de la verdure fraîche. La vie était revigorante, elle marquait les esprits.

Désormais, c’est comme si le monde a perdu sa beauté. L’atmosphère est lourde et possède une odeur particulière, nauséeuse. Les rues sont jonchées de déchets divers. Les belles couleurs qu’elle avait l’habitude de contempler se sont envolées en même temps que les âmes. Elle pourrait se joindre à un groupe, elle pourrait se trouver une nouvelle famille, de nouveaux amis, mais trouver des gens de confiance, ça demande de la patience. Donc, Salomé préfére avancer à son rythme, en solitaire. De cette manière, elle apprend ; elle se forge. Ce n’est pas facile tous les jours, même après tout ce temps. La raison, très certainement, qui la pousse à rester seule, c’est qu’elle craint de décevoir ceux qui croiseront sa route. Et si une nouvelle personne devait mourir à cause d’elle? Salomé se souvient encore comment sa voisine est décédée en début d’Épidémie ; c’était sa faute!

Elle entend soudainement du verre brisé s’émietter sous une bottine. Aussitôt, elle laisse l’attraction terrestre l’attirer au ras du sol. Elle pourra se cacher avec l’aide des voitures et des buissons qui décorent la rue craquelée. La brune tend l’oreille afin d’écouter attentivement les voix qui sont de plus en plus nettes à mesure qu’elle se déplace. Ces gens ne sont peut-être pas mauvais, mais elle préfère prendre ses précautions. C’est plus sécuritaire. Par le passé, Salomé a été confrontée à des situations déstabilisantes ; elle ne veut pas revivre ça encore! Sa première hypothèse est qu’ils sont deux. Deux hommes, possiblement.

Lentement, elle se faufile derrière un arbre pour être dissimulée, mais voir ce qui se trame. Elle a vu juste, ils sont deux. Elle préfère limiter ses mouvements afin de ne pas attirer l’attention. Croiser leur route ne fait pas partie de ses plans. Salomé ne se sent pas très à l’aise en présence d’hommes. Souvent, ils l’angoissent. Depuis la disparition de l’autorité, beaucoup d’hommes s’imaginent sans limite. Et même si elle possède des objets avec lesquels elle pourrait se défendre, elle ne fera jamais le poids devant eux.

- Qu’est-ce que tu regardes comme ça, ma jolie?

Une voix masculine résonne dans son dos. Crispée, elle tourne néanmoins la tête pour voir de qui il s’agit. Elle s’était trompée ; ils sont trois. Le troisième devait faire une rôde du périmètre, la remarquant du même coup.